Plus d’une centaine de Favaroises et de Favarois dont le maire B.Jauvion et de voisins du Plateau ont répondu vendredi à l’invitation du Foyer rural qui organisait une conférence sur un épisode dramatique de l’histoire de Favars qui s’est déroulé les 24 et 25 janvier 1790.
C’est Georges Delcros, le nouveau président du Foyer qui devait animer avec brio la soirée, entouré de plusieurs participants à la pièce montée en 1990 qui reconstitue les phases cruciales de ce tableau révolutionnaire que fut « l’affaire de l’étang de Lachamp ».
La nuit du 4 août : abolition des privilèges
Alors que le 5 mai 1789 a vu l’ouverture officielle des Etats généraux (qui n’avaient pas été convoqués depuis 1614 !), la fameuse nuit du 4 août de la même année voit l’abolition des droits et des privilèges féodaux dont ceux de la pêche et de la chasse réservés jusqu’alors aux seuls membres de la noblesse et du clergé.
Les paysans corréziens, qui souffrent comme l’ensemble de la paysannerie française de conditions de vie précaire se révoltent et s’engouffrent, certes avec plusieurs mois de retard, dans la brèche que crée cette abolition, ouvrant les étangs pour montrer aux seigneurs qu’ils ne sont plus les seuls maîtres à bord.
Le 24 janvier, des troupes de paysans, de journaliers, de déserteurs, d’ouvriers issus des ateliers des grandes routes en cours de construction vinrent éventrer la chaussée de l’étang de Lachamp, à la suite de quoi les cavaliers de la maréchaussée emmenèrent à Tulle 18 prisonniers.
Un rassemblement de 800 hommes réunis à Favars
Le tocsin ayant sonné toute la nuit sur les quatre communes du plateau , pas moins de 800 hommes se présentèrent au château de Favars le 25 janvier et forcèrent la baronne de St Hilaire à écrire à la municipalité de Tulle pour obtenir la mise en liberté des 18 mutins pris la veille, menaçant, en cas de refus, de saccager le château et d’aller à Tulle délivrer les prisonniers.
A la nouvelle du danger qui menaçait Mme de St Hilaire, la Garde Nationale , des magistrats, des soldats en retraite se rendirent sur les lieux pour en finir avec cette révolte populaire.
6 tués et 2 condamnés à mort
Deux manifestants seront tués le 24 janvier et quatre le 25 ; par ailleurs 16 seront arrêtés et comparaîtront devant le tribunal de Tulle. Deux d’entre eux Jean Vaujour et Jean Siccard seront condamnés à mort par pendaison, les sieurs, leur grâce attendue de la cour de Limoges étant arrivée malheureusement après l’exécution de la sentence.
Cette affaire fit grand bruit et deux députés extraordinaires furent envoyés à Paris pour rendre compte de ces faits déplorables à l’Assemblée Nationale et obtenir un décret pour en empêcher le retour.
Une reconstitution émouvante
La reconstitution des événements à travers la pièce filmée qui a été présentée, est incontestablement une réussite.
La mise en scène est bien construite, autour de tableaux de la vie paysanne (le paiement de l’impôt, la scène du colporteur venu de la capitale annonçant l’abolition des privilèges, celle de la discussion en patois des futurs intervenants apprenant cette abolition) ou du procés au tribunal de Tulle ; à noter que de nombreux dialogues ont été écrits par la troupe elle-même.
Les intervenants jouent avec beaucoup de naturel et de conviction.
Les chansons sont très bien interprétées, avec en particulier « la Marseillaise des paysans » dont le texte est chanté tantôt en patois tantôt en français. (« Qu’un trabalha la terra ? Qu’o es be tu » « Qui travaille la terre ? C’est bien toi… » sans oublier l’émouvante interprétation du poème de Joseph Anne Vialle.
Enfin, un gros travail a été fait sur les costumes d’époque.
A noter l’édition d’un DVD disponible en mairie au prix de 10€.
Cette soirée, sur fond d’un épisode de la Révolution vécu par la commune de Favars, s’est terminée par le pot de l’amitié dans une ambiance conviviale.
(Les photos sont visibles dans l'article intitulé La révolte des étangs)